Un an après la publication de l’article « La RTBF et le business des séries US » qui avait attiré les commentaires mais aussi l’attention de la vénérable chaîne publique belge francophone, je jette un nouveau coup d’œil afin de savoir si la situation s’est améliorée.
La grande innovation de la rentrée aura été côté fiction l’apparition de la version multilingue. La VM longtemps réclamée est enfin disponible. Certes de façon limitée pour l’instant, mais celle ci tendra à se généraliser avec le temps (on l’espère). Si le déclic VO doit encore rester marginale parmi la population, cette possibilité reste appréciable et pourrait pourquoi pas réconcilier certains mordus de séries made in USA avec la télé souvent délaissée au profit du téléchargement. Seul bémol, le système de sous titrage via le télétexte laisse encore à désirer. La RTBF promet, la technologie est encore en phase de test… tout en rejetant la faute sur les cablos-diffuseurs tels que Belgacom TV et VOO.
Afin d’harmoniser sa grille, le prime time de la Une et la Deux est désormais synchro à 20h20 chrono (sauf le samedi et dimanche, allez savoir pourquoi). Malheureusement la case d’access prime time de la Deux a été attribué à Sous le soleil. Oui vous lisez bien, la série française diffusée par TF1 de 1996 à 2008. Si le duo de soaps est cohérent sur papier, niveau modernité, on repassera. C’est d’autant plus dommage que cette case stratégique aurait pu servir de rampe de lancement formidable pour certaines séries. Des séries sympas comme Chuck ou Suburgatory (acheté par la RTBF) auraient pu être parfaites par exemple.
Autre argument avancé il y a un an, les cases plus ou moins mobiles attribuées aux fictions américaines. Le désormais dimanche séries de la Deux a permis à la chaîne de marquer des points lors de la diffusion de Game of thrones et en cette rentrée, Arrow rencontre un joli succès depuis deux semaines. Comme quoi la continuité, ça marche, ça fidélise et ça fait des curieux. Surfant aussi sur cette image plus branchée, la RTBF a décidé de revendre les trop ados Gossip girl et Vampire diaries à une moindre concurrence (la toujours en souffrance AB3), sans doute pour se concentrer sur une clientèle plus adulte.
Couiac de l’été à souligner sur la Deux, la diffusion expéditive des inédits de Mad men et de Boardwalk empire du lundi au vendredi en deuxième partie de soirée. On peut difficilement se prétendre être une chaîne dédiée aux fictions un peu plus exigeantes, si on bazarde de la sorte deux fleurons de l’industrie du câble US. Il sera assez amusant de découvrir à quelle sauce seront mangées House of cards avec Kevin Spacey et The following avec Kevin Bacon d’ici quelques semaines/ mois. L’une a vu son audience fondre au soleil sur Canal+ en France malgré une campagne de pub impressionnante. L’autre a suscité un accueil mitigé de la part de la presse et des internautes. Et question bandes annonces, la RTBF en est toujours à se demander à quoi ça sert ce machin. Ok, en cette rentrée chargée, je n’ai pas trop eu le temps de regarder les tunnels de pubs, mais je n’ai vu aucune bande annonce pour Arrow. La case cinéma du lundi a été reliftée en «Séance VIP», pourquoi ne pas s’en inspirer pour encadrer les séries inédites ?
Les cases fixes étant à mon sens, la clé du succès (RTL l’a prouvé), on peut se demander si les soirées plus volatiles du mardi sur la Une et du mercredi sur la Deux, respectivement occupées à Crossing lines et La source, n’ont pas pour vocation de disparaitre par la suite. Alors que là aussi, il y aurait peut être une carte à jouer. Le mardi étant la case historique de The voice, on peut en douter. Là où le mercredi sur la Deux pourrait jouer la complémentarité, le mercredi soir de la Une étant une soirée sous le signe de l’investigation avec l’ émission « Questions à la une ».
A l’inverse du dimanche de la Deux, on remarquera l’essoufflement du Mentalist le jeudi soir sur la Une. A la décharge de la chaîne publique, cette série pantoufle est de moins en moins attrayante. Et si elle garde une part de fidèles, elle ne déchaîne pas les passions. Seul problème, le relève semble compliquée à assurer dans cette case. Person of interest a eu un succès mitigé l’an dernier et les successeurs ne courent pas les rues ou alors chez la concurrence d’une certaine chaîne privée au service du public (aka RTL TVI. Si vous n’avez pas compris, il s’agit d’un private joke issu des conférences de presse de rentrée).
Il y a donc des améliorations notables au boulevard Reyers, mais aussi quelques casseroles encore et toujours à l’arrière de la voiture. Avec encore ce sentiment de dédain vis à vis des séries US encore considérées comme un programme de seconde zone facilement échangeable.